La chapelle du Froutven
Etude du Dr Corre, 27, avril 1909
Petite chapelle privée, jadis dépendant du manoir du nom, proche celui de Coataudon, sur la route de Brest à Guipavas, à mi-route... Elle est contiguë à un corps de bâtiments ruraux, très basse, avec un petit clocheton à dôme genre Renaissance, mais elle présente une fenêtre derrière l'autel, de la première période gothique (arcadon trilobé) ; elle est à peu près carrée, séparée en deux par une balustrade.
Dans la partie nef :
Contre le mur du fond, sous un beau ... grand Christ moderne en plâtre et sur un fût de colonne cylindrique en marbre violacé rosé, statue en bois peint d'un religieux jacobin ; à gauche, en costume blanc et noir, livre à la main gauche, sans doute Saint Dominique ; sur les côtés, deux fragments de colonne cylindrique de marbre.
Contre le mur de droite, à pans coupés, deux statues en bois peint, une Sainte Vierge portant l'Enfant Jésus (mutilé), sur le côté droit (sur colonne de marbre violacé rosé), une Sainte Catherine avec les attributs de l'épée, du livre, de la tête de l'homme entre les pieds (sur petite colonne fixée à la muraille).
Contre le mur de gauche, sur une colonne cylindrique en marbre violacé rosé, statue en bois peint d'un évêque revêtu du costume pontifical, avec chaussures à bouts arrondis et larges (Saint Audon ?). Sur une petite console, une statuette qu'on prendrait au premier aspect pour un Enfant Jésus, mais qui, avec son enguirlandage de fleurs, serait plutôt un ange d'exposition. Console Louis XV.
Dans la partie choeur :
Au-dessus de l'autel, triptyque : on ne distingue pas bien la peinture du fond où l'on croit entrevoir un assez grand nombre de personnages groupés, à droite les élus, à gauche les réprouvés. Au-dessous de la table de l'autel, une piéta en Kersanton, très grossièrement sculptée. A droite, sur petites consoles sans caractère, une Sainte Thérèse à genoux, très mutilée, une statuette portant la mention "Saint Jean", mais qui est celle d'un seigneur en costume du XIVème siècle en prière. A gauche, statues de bois, sur console : une sainte tenant un livre, dans l'encoignure, deux mains mutilées, l'un portant le costume monacal. Sur la fenêtre, un pélican alimentant ses petits (bois doré), porte chandelles à pieds griffés (moderne), tabernacle sculpté, un pupitre de missel en bois, avec un relief du Christ portant la Croix.
Ici, c'est une tête d'homme qu'une sainte a entre ses pieds. D'après le C. Gabriel, Sainte Catherine et Sainte Marthe foulent un homme à leurs pieds (l'une le tyran Maximin, l'autre pour propre père ...). La statue du Froutven est peut-être Sainte Catherine ; on la peint ordinairement avec une épée en la main et la tête d'un ... sous les pieds, pour montrer qu'elle ... par le tranchant de l'épée, la couronne de ... et la victoire du tyran qui la martyrise.
Statue en bois de type très archaïque d'environ 60 cm de haut. Sainte Catherine d'Alexandrie, vierge et martyre, avec les trois attributs du livre (science), de l'épée qui la décapite et de la tête d'homme à ses pieds (celle du tyran Maximin qui ordonna son martyr).
Fragment d'une statue en bois, mesurant environ 55 à 60 cm de haut, sans doute Sainte Thérèse. Elle devait faire pendant à la statue du moine dominicain (Saint Dominique ?), qu'on remarque contre le mur du fond, dans la nef, au-dessous du Christ. On ne sait ce que la sainte tient dans la main droite (partie mutilée), la main gauche manque aussi. C'est plutôt une Sainte Catherine de Sienne que l'on oppose d'ordinaire à Saint Dominique dans les groupes du Rosaire.
Statuette en bois d'environ 30 cm, sur laquelle on a écrit "Saint Jean". Représentation évidente d'un seigneur en costume du XIVème, agenouillé et priant, sans doute le fondateur de la chapelle (un Coataudon peut-être), à échancrure de côté du surcol à bordure d'or.
Etude et notes de l’abbé Arthur Le Beuz, vicaire de 1906 à 1920
Ce jour 27 mai 1783, par la permission de Monseigneur l’évêque comte de Léon, j’ai fait la bénédiction de la cloche de la chapelle du Froutven, nommée Eléonore par Monsieur de Coataudon, chef de nom et d’armes, chevalier de Saint Louis, et par Eléonore Yvonne Cole, dame Lécuyer. Cette cloche appartient à Monsieur et Madame de Coataudon, parce qu’elle a été fondée à leurs frais et les paroissiens n’y peuvent prétendre en aucune façon, la chapelle étant domestique et sans fondation qui puisse y donner des droits.
H.C Roussel, recteur de Guipavas
Le même jour, les délibérants de la paroisse de Guipavas reconnaissent que la cloche, la chapelle et les ornements qui s’y trouvent appartiennent à Monsieur et Madame de Coataudon, en vertu de leur seigneurie du Froutven et que les exercices de religion qui se pratiquent dans cette chapelle se font par une pieuse coutume « sans en naître aucun droit »
Chanoines Peyrou et Abgrall, L’histoire de Guipavas
Cette chapelle existe encore. C'est une petite salle, basse. Les statues des saints en ont été retirées. On n'y dit plus la messe depuis quelques années, mais les habitants du village y viennent faire le Mois de Marie.
Le 27 Mai 1783, le Recteur de Guipavas y bénissait une cloche, Marie-Eléonore, donnée par la famille de Coataudon, et dont furent parrain et marraine, le Sr de Coataudon, chef de nom et d'armes, chevalier de Saint-Louis, et Eléonore-Yvonne Cole, dame Lecuyer.
Cette chapelle, dépendante du manoir du Froutven, appartenant à la famille de Coataudon, était dédiée à Saint Eutrope et, le jour de sa fête, le 30 Avril, le clergé de la paroisse s'y rendait en procession pour y chanter la messe et les vêpres. Non loin, était une fontaine de Saint Eutrope, où l'on conduisait les enfants rachitiques ; on prenait de la terre voisine qui, délayée dans l'eau bénite, était employée comme compresse pour guérir des enflures.